mercredi, novembre 29, 2006

La Web Hispanica

Le Washington Post du 7 octobre évoque l’hispanisation des émigrés d’origine latino-américaine aux USA.
L’intégration des « latinos » à la société nord-américaine a pendant longtemps été assez poussée : les voyageurs aux Etats-Unis se souviennent peut-être de certains serveurs ou chauffeurs de taxi, tout justes capables d’aligner 5 mots d’anglais, mais revendiquant fièrement leur nationalité américaine... Depuis quelques mois, l’Internet est en train de bousculer ces quelques certitudes. Le Web permet maintenant aux émigrés d'origine hispanique de rester plongés dans l’actualité et la culture de la terre de leurs ancêtres grâce à la lecture de plus de 700 journaux latino-américains en ligne.
L’e-mail, le téléphone sur IP, la messagerie instantanée, les sites sociaux comme MySpace.com et Quepasa.com facilitent le contact quotidien entre membres d’une même famille ou de communautés. Ceci conduit d’ailleurs à un phénomène inattendu, la fertilisation croisée. Ou comment un immigré de la République dominicaine, en écoutant de la musique d’origine mexicaine sur différents sites de radio, comme le très fréquenté Batanga.com, s’est trouvé une grande proximité avec ses frères chicanos. Comme il le dit, « la pollinisation croisée élargit les frontières de l’identité latino ». Et cette tendance n’est pas près d’être contrariée, témoin le rapide développement de télévisions communautaires sur Internet.
Après les latinos, verra-t-on les irlandais, italiens, chinois et autres communautés « importées » aux USA, qui en font la sève et la richesse, revenir à leurs racines via le Web ? Doit-on craindre une déstructuration de la société américaine dont les valeurs étaient jusque là justement fondées sur l’intégration et l’assimilation des étrangers, ou bien au contraire se profile-t-il un élargissement de la communauté avec la prise en compte des spécificités de chacun ?

Au moment où l’on demande à nos immigrés, en France, d’oublier, voire de renier leur pays d’origine, est-il encore possible, avec l’émergence de cette nouvelle géographie, d’imposer un carcan nationaliste à des individus qui peuvent à tout instant de leur vie, par un simple clic, retourner « chez eux » tout en restant physiquement dans leur pays d’adoption ?

La réponse des jeunes générations pourrait très naturellement associer intégration locale et attachement aux racines, conjuguer vie citoyenne et histoire personnelle.
À défaut d’être un terrain d’entente universel, le Web prouverait encore une fois sa capacité paradoxale à individualiser, et dans le même temps, à rassembler.

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