mardi, février 14, 2006

L'avocat commet le pire du pire

Olivier Cousi, avocat de son état et spécialiste du droit d’auteur intervenait ce soir dans l’émission contre-enquête sur France 2, pour ne rien dire. Enfin, pour dire des conneries. En fait, pour dire au milieu de quelques banalités à peu près vraies, des conneries. Ce qui est pire, non ? Le pire du pire, c’est qu’il ait répété sa grosse bêtise, l’avocat. Et ce, devant des téléspectateurs dont tous ne sont pas versés dans ces subtilités juridiques ou technologiques.

De quelle connerie s’agit-il ? Tout bonnement, de confondre peer-to-peer et logiciel libre. De faire l’amalgame. Le Logiciel Libre et le peer-to-peer c’est du pareil au même, Madame. La même chose. Les mêmes voyous qui les fabriquent, les mêmes racailles qui s’en servent pour piller les artistes. André Rieu pilonné par un Apache, Johnny torpillé par mySQL, Adamo spolié par The Gimp, Aznavour abattu par OpenOffice.org. (voir un article détaillé sur le sujet)

Monsieur l’avocat spécialiste des droits d’auteur, j’ai peine à croire que vous ne sachiez pas à ce point là ce dont vous parlez quand on touche à des sujets d’une si brûlante actualité dans laquelle vous représentez le droit. Mais au fait, quel droit représentez-vous ? Le droit des maisons de disques (qu’on appellera bientôt maisons de téléchargements musicaux, ou pire encore, maisons de téléchargement mobile…) ? Le droit à la licence globale ? Le droit de se taire devant le diktat des producteurs de bouillie saucissonnée en tranches de 3 minutes, voire d’une minute trente ? Le droit des géants mondiaux de l’industrie logicielle qui crée chaque jour grâce à des dizaines de milliers d’ingénieurs indiens des produits qui SURTOUT ne doivent pas être inquiétés par la fourmilière des programmeurs bénévoles qui inventent l’informatique du nouveau monde, ceux-là même qui tentent de proposer une alternative aux géants mondiaux, non de l’informatique, mais du marketing et du bénéfice sur le dos des utilisateurs…

Monsieur l’avocat, vous mettez tout le monde dans le même panier. Les adolescents qui téléchargent ce qu’ils ne veulent payer ou ne peuvent s’offrir ; les jeunes cadres qui téléchargent du divX pour s’éviter la pauvreté de la programmation des grandes chaînes commerciales ; les branchés qui rentabilisent leur iPod nano ou méga en le bourrant à ras bord de mp3 ; les informaticiens, brillants génies ou sombres cloportes qui coopèrent en toute humanité pour créer des outils qui permettent de créer de la culture, de l’intelligence, de la science, ces logiciels libres qui ne sont pas, comme vous l’affirmez, des outils malfaisants et condamnables.

Au-delà du fait que bien sûr, avec certains de ces logiciels libres, on peut commettre quelque illégalité, la plupart sont conçus et réalisés pour faire tout autre chose.

C’est comme les avocats. Ce n’est pas parce que certains ont défendu Maurice Papon ou Hermann Göring (tous deux condamnés) que l’avocat est mal en soi. Il est ce qu’on lui demande d’être, s’il l’accepte. Si le logiciel a parfois envie d’être libre, c’est son droit et celui de ses auteurs. Vous servirez mieux la cause de vos employeurs en respectant la vérité.

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